Lectures gourmandes
"Le Bon Gros Géant" de Roald Dahl
Le Bon Gros Géant a enlevé Sophie de son lit. Elle ne sait pas à quelle sauce elle va être mangée. Il fait d’intéressants « bavardinages » sur le goût des Suisses ou des habitants du Labrador, qui ont le goût d’escalope ou de laine qui râpe la langue. On y découvre, privés de la vue, l’odeur de la Suisse, la douceur des plumes d’oiseaux ou le goût du chapeau ! Chacun-e peut se fabriquer les images dans sa tête, ressentir, vivre pleinement les sensations. Bénédicte, la narratrice, conte, joue, fabrique et concocte tous les ingrédients pour s’immerger dans l’histoire.
Quand le géant invite à goûter le Scnokombre « le putréfiant légume », les rôles s’inversent, ce sont les enfants qui invitent les adultes à goûter. Le dialogue s’invite pour parler de toutes ces horreurs que les adultes obligent à manger. Y aura-t-il ces ingrédients cachés dedans ? Découvertes et faux-semblant, comment démêler le vrai du faux ? Nos yeux nous trompent ils ? Qui devons nous croire ?
Puis c’est la révolution, Sophie veut sauver les enfants des dents des géants mangeurs d’hommes et prévenir la reine d’Angleterre. Avec le BGG, ils vont fabriquer une mixture de rêve que le Géant soufflera à l’oreille de la reine. Mais celui-ci s’emmêle les pinceaux. Les enfants l’aident à retrouver les bonnes potions au milieu des centaines de bocaux de toutes les couleurs. On mélange, on bat les rêves qui se transforment en « une mousse verdâtre » et dont les bulles s’échappent. Vite, il faut empêcher les bulles de toutes s’envoler en buvant la mixture ! Et si c’était à nous de rêver maintenant ?
Les ingrédients
En mise en bouche, une histoire, celle du Bon Gros Géant avec des mots, des images pour ouvrir son imagination et se mettre en appétit. Un plat de résistance sous forme de jeu, d’exploration avec les 5 sens, pour s’étonner, s’ouvrir à changer ses habitudes et ré-interroger sa façon de manger. En cerise sur le gâteau, un format de lecture participative où le public est créateur, il fabrique, éprouve et goûte le fruit de sa création.
En participant à cette aventure culinaire, parents/adultes et enfants renouent un dialogue sur l’alimentation en dehors des conflits et du quotidien. « L’extra-ordinaire » vient dé-complexer, lever le poids de l’autorité, de la pression sociale, déconstruire les peurs et les croyances, grâce à l’humour et la fantaisie.
Après avoir ressenti, les spectateurs deviennent de plus en plus acteurs pour choisir et construire de nouvelles bases. La fiction devient réelle, on peut la manger. Et au final, c’est à chacun de rêver, de créer, de fabriquer des histoires dans son assiette.